Le Gran Paradiso est un sommet des Alpes italiennes occidentales situé entre les provinces de la vallée d'Aoste et de Turin. Son altitude est de 4061 mètres. Il fait partie du massif du Gran Paradiso dont il est le point culminant et le seul sommet à dépasser les 4000 mètres. Le massif est situé au sud-est du Mont Blanc, pas très loin de la frontière française. Seul "4000" situé entièrement sur le territoire italien, le Gran Paradiso est réputé pour être, parmi ce cercle fermé de hauts sommets, l'un des plus accessibles des Alpes. A ce titre il sert souvent de première ascension aux alpinistes débutants.
La montagne fut gravie pour la première fois en 1860 par J. J. Cowell, W. Dundas, J. Payot et J. Tairraz. De nos jours cette ascension est considérée comme facile, même si les derniers mètres sont quelque peu aériens. En grande majorité les alpinistes montent par le versant occidental, en démarrant soit du refuge Chabod, soit du refuge Vittorio Emanuele II (du nom de l'empereur qui créa en 1856 le parc national du Gran Paradiso, pour protéger les bouquetins alors en voie d'extinction, ce qui inspira la création plus tardive en France du parc national de la Vanoise qu'il jouxte.)
Sa face nord est une grande face glaciaire cotée D. C'est une classique dans ce niveau de difficulté. À côté, et un peu plus facile, se trouve la "petite face nord".
Sous le sommet du Gran Paradiso
Juillet 2007, c'est pour moi la première grande virée dans les Alpes. Je découvre cette chaîne de montagne immense vers laquelle je suis venu tout logiquement après 15 années passées à arpenter les vallées pyrénéennes. J'ai déjà enchaîné plusieurs randonnées la semaine précédente, dans la Vanoise notamment, et désormais j'ai décidé de me lancer, plein d'entrain, dans l'ascension de mon premier "4000" ! Mais encore faut-il le choisir judicieusement. Car sur les 82 sommets de plus de 4000 mètres répertoriés dans les Alpes, peu sont accessibles en solo. Du coup le choix est vite fait. Géographiquement le plus proche est le Gran Paradiso. Et celui-ci a justement la réputation d'être le "premier 4000" par excellence, du fait de sa facilité d'accès et de la beauté du massif qu'il domine. Voilà donc l'objectif idéal !
Fin de journée sur le massif du Gran Paradiso
En milieu d'après-midi j'arrive à Pont, petit village niché au fond du Valsavarenche, à 1960 mètres d'altitude. Dans mon impatience je boucle mon sac en vitesse et me lance sur le sentier. Après avoir longé la rivière sur quelques hectomètres le tracé grimpe dans la forêt. Je m'élève à grandes enjambées, malgré la lourdeur de mon sac. Il faut croire que la perspective de gravir un "4000" me donne des ailes. Le sentier est pavé par endroits, signe que tout est mis en oeuvre pour attirer un maximum de personnes vers le refuge. Je croise nombres de randonneurs, originaires de différents pays, ce qui témoigne de la renommée des lieux.
En sortant de la forêt le panorama s'élargit sur les montagnes du Valsavarenche. De l'autre côté de la vallée s'élèvent des cimes méconnues : Punta Bianca di Bioula (3427 m), Punta Bioula (3414 m)... A mon avis ils ne doivent pas être nombreux à se diriger vers ces sommets sauvages. Je m'élève à travers des prairies jusqu'à atteindre le refuge Vittorio Emanuele II, une grande bâtisse pouvant accueillir plus de 150 alpinistes. Le cadre est superbe : tout près il y a un petit étang et, plus loin, les lignes esthétiques du Ciarforon (3642 m) et de la Becca di Monciair (3544 m). Deux beaux sommets qui mériteront à coup sûr une prochaine visite...
Solitaire dans l'âme, j'ai choisi de m'éloigner du tumulte ininterrompu du refuge et d'aller bivouaquer un peu plus haut, près de la moraine du glacier. Je poursuis donc mon ascension et m'élève à travers un large champ d'éboulis, en contournant par la gauche l'éperon rocheux qui surplombe le refuge. Il y a bien quelques cairns qui indiquent le chemin mais le tracé se perd un peu au milieu d'un amoncellement de roches. J'imagine que lorsque les alpinistes quittent le refuge en pleine nuit, il ne doit pas être aisé de s'orienter dans cette section. Quoi qu'il en soit il règne en ces lieux une ambiance incroyable. Etre seul sur ces pentes, alors que le soleil décline lentement, est un véritable bonheur ! La réputation du Gran Paradiso n'a vraiment pas été volée.
J'ai choisi, pour pimenter un peu cette grande classique de l'alpinisme, de parcourir la variante par la moraine "Schiena d'Asino". Depuis mon emplacement de bivouac je traverse donc le ruisseau descendant du glacier et me dirige vers la moraine qui fait face. Il y a quelques cairns qui conduisent péniblement vers la crête, sur laquelle je retrouve une légère trace de sentier. Plus haut la moraine se perd dans un vaste plateau de lauzes. En suivant au mieux les cairns j'arrive tout de même en haut du plateau. Mais là je me retrouve bloqué. L'arête qui sépare les deux glaciers (Gran Paradiso et Laveciau) devient rocheuse et effilée. J'essaie donc de contourner l'obstacle et par une courte redescente dans les rochers je rejoins le bord du glacier de Laveciau. Mais, malgré l'heure matinale, la neige semble profonde et instable. la pente est raide à cet endroit, et une glissade me conduirait tout droit vers les larges crevasses qui s'ouvrent en contrebas. Devant ce risque marqué et l'absence de traces sur le glacier, je décide de faire machine arrière. Je redescends la moraine sur une centaine de mètres, puis rejoins par une traversée l'itinéraire de la voie normale. Un contretemps plutôt fâcheux (1 heure perdue !) à la suite duquel je me retrouve au milieu des dizaines de cordées parties du refuge. Pour la tranquilité, c'est raté.
Dans mon dos tout vient de s'embraser. Je suis aux premières loges pour contempler un merveilleux spectacle : le lever de soleil doré qui illumine tout le versant italien du massif du Mont-Blanc. Un grand moment !
Je m'installe en contrebas de la moraine, vers 3000 mètres d'altitude. Le glacier se situe encore 200 mètres plus haut. J'érige rapidement un petit mur de pierres qui me protègera du vent pendant la nuit, même si visiblement les conditions météo seront excellentes. Le soleil disparaît derrière les sommets frontières.
La nuit est fraîche, pour ne pas dire glaciale. Au final je dors très peu. Vers 5h j'aperçois enfin les premières frontales quittant le refuge. Désireux de devancer la foule, je plie vite mes affaires, recouvertes par le gel, puis je me lance à l'assaut du Gran Paradiso.
Lever de soleil sur le Mont Blanc
Je prends pied sur le glacier du Gran Paradiso. Celui-ci va me conduire paisiblement jusqu'aux abords du sommet, puisque ce tracé glaciaire est sans danger : la pente est faible, et il n'y a pas la moindre crevasse en vue. De plus il y a pas moins d'une centaine d'alpinistes présents aujourd'hui sur l'itinéraire. Même en étant seul je me lance donc sans appréhension. Au fur et à mesure de ma progression le panorama se dégage côté sud, laissant apparaître dans le lointain le Mont Viso et les cimes enneigées des Ecrins. Parvenu à un petit col je fais une pause pour savourer les premiers rayons du soleil. Je suis déjà à 3600 mètres, et j'ai désormais une bonne vue sur toute la fin du parcours. L'itinéraire monte en direction du Bec de Moncorvé, une dent caractéristique sur l'arête sud, puis il s'infléchit vers le nord pour aller à la rencontre du sommet principal. La trace est toujours très bien marquée, compte tenu de la (sur)fréquentation. En une succession de replats et de pentes plus raides, j'approche inexorablement du but. 3900 mètres : la rimaye est ouverte mais elle se franchit aisément. Je rejoins ainsi les rochers de la crête sommitale.
Vient alors le seul obstacle technique qu'oppose le Gran Paradiso : une traversée de quelques mètres, très exposée au-dessus du précipice de la face est, laquelle plongeant verticalement sur 300 mètres. Le passage est facile, mais il ne laisse aucun droit à l'erreur à ceux qui comme moi sont montés sans matériel pour s'assurer. Le palpitant s'emballe, les jambes tremblent forcément un peu... Je me hisse ensuite sur l'étroite plate-forme posée au bord du vide qui constitue le sommet du Gran Paradiso, à 4061 mètres, battant ainsi mon record d'altitude et ouvrant de belle manière mon compteur de "4000" !
Premiers rayons sur le glacier
Quelle joie d'avoir mené cette première grande course alpine à son terme ! D'autant plus avec ces conditions optimales. En haut le panorama est à la hauteur de mes espérances : l'arc alpin se dévoile dans son intégralité, du Viso au Mont-Rose. Tous les géants se déploient sous mes yeux. Je mesure alors un peu mieux toutes les grandes ascensions qu'il me reste à réaliser dans les Alpes. Et je profite de ce moment privilégié, près de la célèbre Madone du Gran Paradiso, pour m'imprégner de la géographie des massifs.
Malheureusement au sommet la place est limitée, et plus bas on commence à se bousculer sur l'arête sommitale. Je préfère m'échapper dès que possible, avant que les choses ne deviennent trop compliquées. Car il y a forcément problème, dans la traversée exposée, entre les cordées qui montent et celles qui descendent. Le passage est trop étroit et dangereux pour qu'on puisse s'y croiser. Déjà une trentaine de personnes se sont entassées et attendent leur tour pour accéder au sommet. Je repars donc, profite d'un moment opportun pour traverser l'arête en même temps qu'une cordée espagnole, puis je rejoins le glacier cinquante mètres en contrebas.
Je dévale la pente. A un moment je constate que j'ai le plaisir, rare sans doute, de me retrouver complètement seul sur le glacier, alors que là-haut c'est toujours la cohue. La descente est ensuite longue jusqu'à Pont, 2100 mètres plus bas, mais le panorama, et surtout la joie de la victoire, me font oublier toute souffrance. Un grand jour, comme on aimerait en vivre plus souvent.
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